Les travaux de Christine Coblentz sur papier journal, ouate de celullose ou papier kraft émergent de lieux imaginaires ou d'espaces réels que ses coups de crayons évoquent au moyen d'une calligraphie subtile, empreinte de traces de pigments colorés : photographies, carnets de voyage, paysages du Vaucluse, archéologies récupérées et détournées, natures mortes, vanités…cet univers intérieur réapparaît comme empli des reliquats d'une mémoire surgie de mondes très anciens que le présent ravive.
On aura compris que nous sommes loin ici de l'usage du dessin classique, mais que ces états de lieux, ces signes symboliques, sont à déchiffrer comme écriture d'une philosophie de la vie.
commissaire de l'exposition "du dessin….."
Saint Martin d'Uriage. Mai 2002
Du ramassage des haricots
Il y a une certaine parenté entre ma façon de travailler et de cueillir des haricots dans le jardin..
En effet, je commence par quelques pieds au début d’une rangée .Puis, je passe à l’autre, je reviens à la première, au milieu, à la fin, au début, et ainsi de suite. C’est moins monotone, je pense à autre choses, les calculs, la géométrie m’abandonnent.
Au bout du compte, les haricots sont bien dans le panier.
La seule différence, c’est que mon carré de peintures n’est jamais terminé, le carré de haricots si…
Le résultat n’est pas sans rappeler une sorte de tissage, des fils qui s’entrecroisent d’une manière aléatoire.
Un certain moment se font des nœuds, des intersections, des convergences …
Peut-être est-ce pour cette raison que des travaux anciens peuvent prendre une résonance nouvelle en présence d’œuvres plus récentes.
De nouvelles lectures, d’autres sens peuvent ouvrir de nouvelles pistes…
Des lieux
Les lieux où nous nous trouvons sont aussi importants que le passage du temps. Si nous étions habitués à faire attention à ce qui nous entoure..Si nous « regardions . Pour moi, c’est essentiel. Mais peu de lieux ont provoqué une émotion suffisamment forte pour arriver à une création. :, le Magasin en train de se construire , ancienne usine ressemblant à mon atelier qui allait être détruit, la montagne de gypse de Mazan me rappelant l’un de mes dessins imaginaires, les carrières de sable de Bédoin en perpétuelle transformation. J’ai oublié : un ancien hôtel à Claix en train de se transformer en mairie. .La parenté entre entre tous ces lieux : la précarité ou l’instabilité due au temps.
10 octobre 2003
Christine Coblentz
De la photo
Cet intérêt pour la photo m’est venu d’un objectif pratique : constituer des dossiers pour mon travail. Il s’est affirmé parallèllement, photo , dessins- peinture, l’un nourrissant l’autre. En 198O, il y eut cette « inscription d’un espace » inventaire photographique d’un lieu , Saisie de certains détails de son architecture, des objets qu’il abritait. La matière des murs était rendue par des frottis sur de longs rouleaux de papier journal non imprimé. .Je photographiais ces dessins, certains de leurs détails..Ils prirent leur indépendance. Le temps , une distance transformait une perception. Le manque de technique, les imperfections, contribuèrent à accentuer cette distance, il y avait glissement, du constat à une œuvre qui apparaissait pour elle-même . L’image photo trouve précisément une parenté avec l’oeuvre dite plastique par son imperfecion technique , qui nous conduit à une interprétation qui l’éloigne de la réalité.